Suivi de la qualité des ressources en eau souterraine
Suivi de la qualité des ressources en eau
Suivi de la qualité des ressources en eau superficielle
I. Suivi de la qualité des eaux souterraine

Qu’est-ce que une eau souterraine ?
Les eaux souterraines sont des eaux situées sous la surface terrestre, stockées dans les pores et fractures des roches. Elles proviennent principalement de l'infiltration des précipitations et des cours d'eau dans des couches perméables (aquifères). On distingue les nappes phréatiques (proches de la surface et influencées par les précipitations) des nappes captives (sous une couche imperméable et sous pression). Ces eaux sont essentielles pour l'eau potable, l'agriculture, l'industrie, et pour soutenir les écosystèmes en période sèche. Toutefois, elles sont menacées par la surexploitation, la pollution et les changements climatiques, nécessitant une gestion durable. Les systèmes aquifères pris en compte dans la présente étude sont ceux identifiés dans le cadre de l’étude portant sur la réalisation de la carte des ressources en eau souterraines du Nord de l’Algérie, établie par l’ANRH. Selon cette étude, 46 systèmes aquifères appartenant totalement ou partiellement à la région Algérois-Hodna-Soummam.
Les systèmes aquifères les plus importants se trouvent dans les bassins de l’Algérois et du Hodna, avec les nappes de la Mitidja et du Chott El Hodna représentant à elles seules plus de 56% des ressources souterraines disponibles.

Quelques études élaborées dans le cadre de suivi de la qualité des ressources en eau souterraine
I.1. Suivi qualitatif des eaux souterraines de la nappe de la Mitidja :

Un rapport sur la qualité des ressources en eau souterraine de la nappe de la Mitidja a été élaboré en 2024.
La nappe phréatique de la Mitidja, située dans une plaine de 1450 km² au sud d’Alger, est essentielle pour l’approvisionnement en eau potable, agricole et industriel de la région. Cependant, la surexploitation et l’urbanisation croissante menacent cette ressource, notamment avec des intrusions marines et des pollutions agricoles.
Les eaux souterraines subissent des pollutions diverses :
Agricoles : Utilisation intensive d’engrais chimiques (nitrates).
Industrielles : Rejets chimiques et thermiques.
Domestiques : Rejets d’eaux usées urbaines.
Qualité des eaux
76 points d’eau ont été visités durant les sorties du 24/05 au 26/06/2023 dans le but d’échantillonner les eaux et de faire des analyses physico-chimiques. Une analyse des échantillons a révélé :
Des dépassements pour des paramètres tels que la turbidité, les nitrates, la conductivité, et certains ions (sodium, chlorures).
Une minéralisation élevée, souvent attribuée à une contamination marine ou anthropique.
Une dureté élevée, caractéristique naturelle des eaux de la région.
Les analyses chimiques des eaux souterraines de la nappe de la Mitidja ont montré une variations importantes entre les échantillons indiquent une diversité géochimique de l’eau dans la région. Certaines zones affichent des niveaux élevés de sodium et chlorure, probablement en raison de l’intrusion marine ou d’activités humaines comme l’agriculture et l’industrie

I.2. Etude de synthèse de l’intrusion marine et proposition des améliorations du réseau de suivi qualitatif :
Un rapport a été élaboré en 2023 sur la partie Est de la nappe de la Mitidja, dans le cadre du plan d’action de la Mitidja Est (2021-2023)
La synthèse montre :
Les deux champs de captage d’El Hamiz et de Bouréah sont vulnérables au phénomène d’intrusion marine ou 46% des points d’eaux présentent des concentration qui dépassent la norme préconisée en sodium et/ ou chlorure et qui présentent aussi des concentrations en strontium qui dépassent 1 mg/L (Phénomène d’invasion marine) ;
Rabattement généralisé des eaux de la nappe d’une vingtaine de mètres en moyenne entre 1982 et 2021;
Inversement du sens d’écoulement des eaux souterraines ;
Teneurs en Nitrate avec des teneurs importantes dans la partie Est de la plaine, dans les alentours de champ de captage de Bouréah ;
Teneurs en chlorures élevées dans certains points avec un axe préférentiel de direction Nord-Est Sud-Ouest vers les champs de captages.
Recommandations :
Une étude géophysique approfondie peut contribuer à la mise en évidence de voies d’infiltration préférentielles afin d’élaborer des dispositifs de protection plus adaptés.

I.3. Délimitation du périmètre de protection du champ captant "Bas Sebaou" (Wilaya de Boumerdes)
Un rapport a été élaboré en 2019 afin d’étudier la possibilité de la mise en place de périmètres de protection autour des points de captage vise à préserver la qualité de l’eau destinée à la consommation humaine. La zone d’étude du Bas Sebaou chevauche les wilayas de Boumerdes et Tizi-Ouzou.
L’étude vise à :
Garantir la protection sanitaire des points de captage contre les pollutions ponctuelles ou accidentelles.
Encadrer les activités dans les zones sensibles pour réduire les risques de contamination.
Résultat de l’étude :
Les analyses montrent :
pH : Eaux généralement basiques (6,8 – 7,9).
Conductivité électrique : Moyenne de 1459 µS/cm, reflétant une pollution agricole et domestique.
Résidu sec : Eaux moyennement minéralisées (500-1500 mg/L).
Dominance des faciès chimiques chlorurés, sulfatés et bicarbonatés calciques.
Recommandations
Réglementation stricte : Interdiction ou contrôle des activités polluantes dans les périmètres de protection.
Amélioration des infrastructures : Renforcer les stations de traitement et gérer durablement les pompages.
Surveillance continue : Mettre en place un suivi régulier des niveaux piézométriques et de la qualité de l’eau.

Carte des périmètres de protection des forages

Ce rapport met en évidence l’importance d’une gestion intégrée pour protéger la nappe du Bas Sebaou et assurer un approvisionnement en eau de qualité pour les générations futures
II. Suivi de la qualité des eaux superficielles :
La qualité des ressources en eau superficielle est un aspect prépondérant de la gestion de l’eau. Elle est influencée par des facteurs naturels et anthropiques, et son évaluation repose sur plusieurs paramètres.
Le réseau national de surveillance de la qualité des eaux superficielles mis en place en 1984 par l’ANRH permet aujourd’hui d’effectuer toutes les mesures de la qualité des eaux superficielles (barrages et les principaux oueds).
Les critères de choix du réseau de surveillance sont les suivants :
Barrages destinés à l’alimentation en eau potable ;
Accessibilité aux oueds, pour la prise des échantillons ;
Proximité des stations hydrométriques, afin de disposer de données sur les débits ;
Points de rejets.
L’évaluation de la qualité des eaux superficielles est appréciée à partir d’une grille qui associe pour une série de paramètres des valeurs seuils à 4 classes de qualité représentées par des couleurs bleu, vert, jaune et rouge (voir tableau ci-dessous).
Tableau : Grille de qualité

Au niveau du bassin Algérois-Hodna-Soummam, on dénombre 18 barrages, dont seulement 11 font l’objet d’un suivi par le réseau de surveillance superficiel quantitatif et qualitatif (barrages destinés à l’alimentation en eau potable AEP ou à l’usage mixte).
L’exploitation des différentes cartes de qualité éditées par l’Agence Nationale des Ressources Hydraulique ANRH (compagnes de mesures 1991, 1996/97/98, 2000, 2001, 2003, 2006 et 2010) nous a permis de présenter dans le tableau suivant l’évolution de la qualité des principaux cours d’eau implantés dans la région hydrographique Algérois Hodna Soummam.
Tableau : Qualité des principaux cours d’eau de la région hydrographique Algérois Hodna Soummam


La plupart des oueds constituant le bassin Côtier-Algérois présentent une qualité dégradée. Cette pollution est principalement d’origine organique du fait des rejets d’eaux usées domestiques dans le milieu récepteur sans traitement préalable.
Au cours de ces dernières années, la qualité des principaux cours d’eau du bassin Soummam a connu une dégradation importante. Cette qualité est évaluée à partir de réseau de surveillance composé de six (06) stations.
Le tableau ci-dessus met en évidence une détérioration de la qualité des cours d’eau notamment ceux de la Soummam. En effet, cette détérioration a atteint des niveaux critiques dans certains tronçons de cours d’eau situés en aval des grands rejets d’eau usée : Soummam, Bou Sellam, Eddous et Sahel.
La plus récente carte de la qualité des eaux superficielles éditée en 2010 par l’ANRH montre que les oueds de la région hydrographique Algérois Hodna Soummam sont caractérisés par une qualité moyenne à mauvaise sur toutes les stations de qualité du réseau de surveillanc
Ci-après quelque étude élaborée concernant ce volet :
II.1. Rejet des eaux usées industrielles «ZONE D’ACTIVITE OUED MAZAFRAN»
Le document a été élaboré en 2018 porte sur l’évaluation de la pollution générée par la zone d’activité d’Oued Mazafran, située dans la wilaya de Tipaza, en Algérie. Il vise à inventorier les unités industrielles, estimer la charge polluante, et sensibiliser les acteurs industriels à la gestion durable des eaux usées
Points principaux :

Localisation et contexte géographique :
La zone d’activité, opérationnelle depuis 1990, couvre 40 hectares et abrite environ 4 000 travailleurs.
Elle est située dans une région agricole sujette à des risques d’inondation.
Pollution industrielle :
Les 94 unités industrielles opérationnelles faisant objet d’une enquête sur terrain génèrent des charges polluantes significatives :
DBO5 : 1 079,71 kg/j
DCO : 2 194,78 kg/j
MES : 1 785,74 kg/j
Des unités comme SPA BEL Fromagerie et SARL Must Emballage figurent parmi les plus polluantes.
Traitements existants :
Seulement 15 unités disposent d’un système de prétraitement.
Les stations d’épuration locales sont souvent sous-utilisées ou non fonctionnelles.
Problèmes identifiés :
Déficience des infrastructures d’assainissement et d’entretien des réseaux.
Absence d’une gestion efficace de la zone d’activité.
Non-conformité des rejets industriels aux normes algériennes
Le rapport met en lumière l’urgence d’une gestion intégrée des ressources en eau et d’un encadrement strict des rejets industriels. Des recommandations incluent l’amélioration des infrastructures, l’application stricte des réglementations et la sensibilisation des industriels aux bonnes pratiques environnementales.
II.2. Suivi quantitatif et qualitatif des ressources en eau du bassin versant du barrage de Ain Zada
Un rapport a été élaboré en 2019 afin de mettre en place une gestion intégrée des ressources en eau dans le bassin versant de Ain Zada, dans le but de préserver la qualité des eaux.
Le barrage d’Ain Zada, mis en service en 1985, est une infrastructure clé pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation dans les wilayas de Sétif et Bordj Bou Arréridj.
Sources identifiées :
Rejets domestiques (57 918 m³/j), avec une charge polluante importante en DBO5, DCO, MES, azote et phosphore.
Rejets agricoles (utilisation d’engrais chimiques et pesticides).
Rejets industriels et décharges publiques (10 décharges recensées générant 283 tonnes de déchets/jour).
Stations d’épuration (STEP) :
Quatre stations opérationnelles (Sétif, Ain Oulmene, Ain Taghrout, et Ras El Oued), avec une capacité insuffisante pour traiter toutes les pollutions.

Qualité des eaux :
Pollution domestique :
Les concentrations en DBO5, DCO, nitrates et MES dépassent les normes algériennes dans plusieurs agglomérations.
Problèmes majeurs :
Insuffisance des STEP en termes de capacité et d’efficacité.
Pollution diffuse due à l’agriculture intensive.
Recommandations
Amélioration des infrastructures :
Extension et modernisation des STEP existantes.
Création de nouvelles stations pour les zones non couvertes.
Réduction des pollutions à la source :
Réglementation stricte des rejets agricoles et industriels.
Promotion de pratiques agricoles durables.
Surveillance et gestion :
Suivi régulier des eaux superficielles et souterraines.
Mise en œuvre d’un plan intégré pour minimiser l’impact des pollutions.


II.3 Valorisation et protection des ressources en eau par bassin versant barrage :

Des rapports bar bassin hydrographique ont été élaborés du 2020 au 2023, ces rapport met en lumière l’urgence d’une gestion durable et proactive des ressources en eau dans la région pour répondre aux défis environnementaux et préserver cet écosystème crucial.
L’action Valorisation et protection de la ressource, propose une approche structurée, pour entreprendre une gestion intégrée qualitative de la ressource au niveau d’un bassin versant. La présentation de la méthode, commence par une évaluation de l’importance de l’eau dans la vie économique et sociale du pays, puis poursuit avec une matrice des problèmes et des enjeux les plus importants, une quantification des pressions de pollution qui s’exercent sur la ressource, l’identification des mesures à prendre pour éliminer ou minimiser les problèmes et enfin conclut par un programme d’action.
Les bassin versant utudiés saont :
BV Côtier Algérois (07 BV barrages);
BV Hodna (02 BV barrages).
BV Soummam (05 BV barrages);
BV Isser (04 BV barrages);
L’objectif principal est de protéger les ressources en eau, conformément aux lois algériennes sur l’environnement et l’eau (Lois n°03-10 et n°05-12).
Sources de pollution
Domestique : Charge polluante estimée basée sur des paramètres chimiques tels que DBO5 et DCO.
Industrielle : Pollution concentrée dans certaines zones, notamment autour des barrages d’Ain Zada.
Autres Sources :
Elevage intensif (azote et phosphore).
Rejets des huileries, abattoirs, et établissements hospitaliers.
Décharges publiques mal contrôlées, entraînant des lixiviats nocifs.
Mesures Recommandées
Traitement des Eaux Usées :
Étendre et améliorer les stations d’épuration.
Interdire les rejets directs dans les cours d’eau.
Prévention des Risques :
Améliorer la protection hydraulique.
Définir des zones tampons autour des barrages.
Les rapports mettent l’accent sur une gestion intégrée et des interventions prioritaires pour minimiser les impacts de la pollution sur l’environnement et la santé publique.